FAULQUEMONT : Histoire et historiettes

FAULQUEMONT : Histoire et historiettes

2 : Que sont devenues les fleurs ? (cliquer)

QUE  SONT DEVENUES LES FLEURS ?

Que sont devenues les fleurs
du temps qui passe ?
Que sont devenues les fleurs
du temps passé ?





Dans le passé Faulquemont possédait un certain nombre de statues, soit  au centre-ville, soit à la chapelle St Vincent
Que sont-elles devenues ?

Un petit rappel historique et culturel s'impose pour la compréhension de ce qui va suivre .

Vers le milieu du XVIIIè siècle une nouvelle forme d'expression de l'art prenait forme :
Le néo-classicisme
S'inspirant de la beauté et de la pureté esthétique des statues grecques et romaines,
les artistes de l'époque eurent l'idée de marier le style de ces deux cultures dans leurs oeuvres.
Les visages avaient le profil grec et les vêtements le drapé Romain .

C'était l'époque où l'on redécouvrait Pompei et Herculanum
On de jurait plus que par l'antiquité, et on essayait d'en copier le mode d'expression.


1°) LE VIGNERON


(surnommé "Eugène", par association à "Eugènie" dont il sera question ci-après)


  

   Cette statue se trouvait  sur un piédestal à l'angle de la rue de Metz et de la rue de Pontpierre. On ne connaît pas la raison exacte de son érection. 

   Existait-il un culte du vin à Faulquemont?

   Des vignes étaient plantées au lieudit "Reben" exposé au sud et actuel lotissement "des Vignes", et ce depuis le Moyen-Age, peut-être même depuis la période gallo-romaine où des vestiges datant de cette époque subsistent .

   En 1943, pour soutenir son effort de guerre, Hittler ordonna la confiscation de tous les objets métalliques importants.

   Nos cloches furent sauvées grâce à l'intervention de notre curé Schmitt, mais le pauvre vigneron, lui, fut déboulonné .

   Fut-il transformé en canon ou se trouve-t-il quelque part en Allemagne , sauvé par un esthète allemand ?

   On ne saura sans doute jamais ....





Vers 1920



  Décembre 1945 (sans la statue) après les bombardements de la libération.

2°) EUGÈNIE



     Eugènie  lors du rehaussement du clocher dans les années 1920 .
     
     Elle se trouvait auparavant en face  de l'Eglise ,à côté de l'école.




       Cette statue en fonte, réalisée par moulage, dont on peut encore voir des exemplaires dans certaines bourgades de  France, était en fait une fontaine .

        De style néoclassique , on l'avait prénommée "Eugènie"

        Elle ne versa jamais la moindre goutte à Faulquemont, pour la simple raison... qu'à cette époque nous n'avions pas l'eau courante !!! .

         Elle reposait sur un piédestal creux qui était sensé recevoir le système d'alimentation en eau. Celui-ci était doté à l'arrière d'une petite trappe dans laquelle, à l'âge de cinq ou six ans je m'étais, à force de contorsions, introduit au point de ne plus pouvoir en sortir!!!  J'y serai peut-être encore si l'énergie du désespoir ne m'avait, au bord de l'étouffement, aidé à me dégager.

 
 Diane, telle qu'on pouvait la voir sur la place             Diane telle qu'on peut la voir
devant l'Eglise avant 1918 . Elle fut déplacée         actuellement à Raon-l'Etape
 à coté de l'église et à sa place on y érigea
le monument aux morts de la guerre de 14/18.


 Bel exemple de préservation du patrimoine.
 
            A méditer !!!

   Qu'est-elle devenue ?

   La vasque est encore devant l'église ... et sert de bac à fleurs !!!

   Eugènie, elle, parait-il, se prélasse dans un parc privé dans les Vosges ...  En compagnie de la pompe qui ornait en son temps la rue de la République .
Ce "transfert "a eu lieu à l'occasion de la "restauration" de la vieille ville dans les années 1960 .

   Un ange m'a soufflé à l'oreille qu'elle s'y ennuyait, que le son des cloches lui manquaient, et qu'elle avait pardonné aux "cloches" qui l'avaient abandonnée .

   Pourquoi se trouvait-elle à Faulquemont ?

   On sait que Napoléon III a passé, lors de la guerre de 1870, une nuitée à Faulquemont dans une maison sise rue du Moulin Bleu et qu'on nomme depuis : 
"villa Napoléon"
   L'a-t-il fait du fait de la présence de la statue de l'impératrice Eugènie son épouse ?
   La Municipalité de l'époque avait-elle de bonnes relations avec l'empereur ?

   Cette hypothèse, bien que plausible ne me satisfaisant pas,  j'ai passé mes longues heures d'insomnie à triturer le sujet dans toutes les directions, et j'ai fini par me demander si cette "Eugènie" n'était pas en réalité IPHIGENIE, héroïne de la mythologie grecque dont le nom aurait été déformé par la méconnaissance de ce personnage, et l'usage.

   Dans la tragédie Grecque, Iphigénie, fille de Menelas est condamnée à mort, mais est sauvée par la déesse Artémis (Diane pour les Romains) qui la remplace par une biche, et la prend ensuite à son service en la faisant prêtresse de son temple en Tauride . (Ces détails historiques n'étaient pas connus au moment de la copie  de cette statue) d'où la confusion qui a pu se produire .

   Ce fil d'Ariane que je suivais à fini par me mener à la vérité.
   Il s'agissait de la déesse Diane (Artémis pour les Grecs)

   La vraie histoire est la suivante:
   La statue dite "DIANE de GABIES " fut découverte en 1792 sur la propriété du prince Borghèse à Gabies non loin de Rome. En 1807 celui-ci en proie à des difficultés financière la vendit à ...Napoléon ler. Cette statue devint très populaire en ce début du XIXème siècle du fait de sa beauté, mais aussi de l'engouement par la culture française pour tout ce qui touchait à l'antiquité . Il en fut fait de nombreuse répliques, soit en marbre, soit en bronze ou fonte.
   C'est ainsi que j'ai pu en voir une reproduction en marbre à la Station de métro
parisienne Louvre-Rivoli et  une autre à la Villa Kerylos à Beaulieu sur mer .

   Celle qui nous concerne, en fonte elle, se trouvait à Faulquemont. On peut encore  voir la même  à RAON-L'ETAPE, avenue du Général De Gaulle (et qui n'a jamais été déplacée car alimentée par une source naturelle) et je me souviens en avoir vu une  autre il y a très longtemps dans le Jura . Il doit encore y en avoir ailleurs.

   Si donc cet objet d'art s'est trouvé à Faulquemont à une certaine époque, ce n'est  sans doute pas pour des raisons politiques, mais simplement pour son esthétisme  ce qui est tout à l'honneur de la municipalité de l'époque.
   Il est agréable de penser qu'au XIX ème siècle nos prédécesseurs avaient, eux,
le sens du beau !!!

 

3°)SAINT SEBASTIEN et LA VIERGE



    Ces deux statues,  en parfait état, trônaient sur leur piédestal au fond de la chapelle St Vincent il y a quelques mois à peine .
Que sont -elles devenues ?

Histoire de St Sébastien

   Sébastien est né à Narbonne, il fut élevé à Milan.
   Devenu adulte, il s'enrôle dans l'armée romaine en 283 apr.j-C en dissimulant sa foi chrétienne. L'empereur romain Dioclétien le nomma commandant de sa garde prétorienne. Prêchant les préceptes de sa religion il s'attira les foudres de l'empereur qui le fit attacher à un arbre et darder de flèches (sagitation).
    Il survécut à ce supplice, et une fois rétabli alla braver Dioclétien au nom de sa foi.
    Celui-ci le fit battre à mort et fit jeter son corps dans les égouts (cloaca maxima) .
    C'est la matrone Lucile qui récupéra son corps et l'inhuma dans les catacombes de la Via Apia à côté des autres martyrs .

   Il fut par la suite imploré pour se préserver de la peste.
(Le mot peste n'est pas à prendre au sens strict mais est plutôt synonyme d'épidémie)

   La sagitation à laquelle il a survécu y est sans doute pour quelque chose.
En effet on croyait jadis que ces fléaux étaient envoyés par le ciel au moyen de flèches.
C'est donc en raison des épidémies qui ont décimé notre région qu'il avait trouvé sa place à la Chapelle St Vincent .

    On sous-entend aussi qu'il avait été le favori de Dioclétien

    C'est la raison pour laquelle les artistes l'ont toujours représenté sous les traits d'un bel Apollon très dénudé.... ce qui lui vaut d'être maintenant vénéré par la mouvance  homosexuelle .

    La seconde statue, que je pensais être Ste Lucile n'est, après examen de près,
qu'une reproduction néoclassique de la vierge qui, de son pied écrase la tête du serpent . (Encore lui !!!) ." Je mettrai des inimitiés entre toi et la femme.Elle t'écrasera la tête et tu la blessera au talon" (genèse)

   Qu'est-il arrivé à ces deux statues ?

   Lors d'une première restauration de la chapelle, il y a environ 25 ans, on a cru bon  d'enlever le flèches de St Sébastien (qui sont ses attributs de sainteté), le transformant en bel éphèbe et lui ôtant ainsi toute distinction de sainteté .

   Lors d'une seconde restauration toute récente, on a estimé que le profil grec de Sébastien et le visage serein de la Vierge avaient perdu toute odeur de sainteté.

   On les a donc remplacées par ... des bouquets secs !!!

   Prions le Ciel qu'aucune épidémie ne vienne nous menacer .
   Je nous vois mal prier :

"Saints Bouquets Secs, ora pro nobis"

   Leurs tourments n'étant pas terminés :

   A St Sébastien on a cassé : les deux mains , un bras , un pied ...
   La Vierge a aussi subi des outrages, ce qui est un comble !!!
On lui à cassé la lune ... qu'elle tenait sous son pied droit, et une main

   Il n'y a que le serpent qui ait été épargné .!!!

  Moralité
Il en est des Saints comme des humains
Honorés un jour, honnis le lendemain.

   Espérons toutefois que le, ou les auteurs et responsables de cette destruction de patrimoine culturel auront à cœur de les remettre sur pied, et, devenues laiques elles retrouveront leur place dans un lieu public.

                          La Halle par exemple, quand elle aura été restaurée.







Voilà ce que sont devenues nos fleurs.


   CONCLUSION

Le domaine de la culture est un domaine particulièrement sensible

Le fait d'y toucher peut provoquer des dommages irréparables.

Pour le faire il faut respecter trois règles de base :

- Avoir un niveau culturel à la hauteur du projet .

- Respecter les choses existantes eu égard aux raisons pour lesquelles
elles ont été créées et ce, par respect pour les motivations des anciens .

-Avoir le sens de l'esthétique, pour que le projet s'insère dans son cadre.

Le non respect de ces conditions élémentaires donne des résultats catastrophiques
allant du massacre culturel à la faute de goût, dont nous-mêmes et les générations futures aurons à pâtir.





ENCORE UNE HISTORIETTE.
Quant j'étais tout petit, c'était la guerre. Pour s'amuser les grands nous
envoyaient à l'épicerie acheter du "Oh wie Dumm", tu diras bien
"ovidoum" nous disait-on. Il y avait aussi le "Hau mich Blau".
Je me vois encore, serrant bien fort  dans ma menotte le pfennig qu'on m'avait donné à cet usage .
Il est bien dommage que ce deux denrées de première nécessité ne soient plus dans le commerce, on aurait pu les déguster ensemble , entre amis .

Le présent article , ainsi que le précédent et les suivants, ayant une vocation culturelle. L'auteur donne l'autorisation d'en faire des copies .

                                                                        Jean-Lou PHILIPPE.



Voir également    le musée de Faulquemont    
                            le Chalet des Aulnes                         

à l'adresse suivante    http://philippe.jl57.free.fr/


pour me joindre directement :  philippe.jl57@free.fr



02/05/2008
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